dimanche 14 septembre 2014

Embarquer // Appareiller


Toulon, 14 septembre 2014, 4:35am

Saturday night fever dans le port de Toulon. Un moustique a insisté pour que j’arrête de dormir. J’ai voulu me rapprocher de la nature, docile, j’obéis aux injonctions du piquant.

Flatter son lecteur : si tu arrives ici, c’est qu’on se connaît, plus ou moins bien certes, mais on est à peu près proches, famille ou copains. Et ça tombe bien, je voulais en parler un peu de ces zouaves de mon cœur. J’ai fêté mon départ depuis des mois, beaucoup et partout, si bien entourée. Je suis partie dans un train un peu trop tôt, dans un état un peu trop penché.
Les gars, les filles, merci pour vos sourires, vos lumières.
Vous êtes les plus beaux, pour de vrai. Et je suis la plus chanceuse du Monde. Je pars chargée à bloc. Je vous emmène tous un peu, si vous le voulez bien. Soyez chouette, balancez des nouvelles aussi. Je sais que je vais oublier vos anniversaires, louper quelques kilos des fêtes, des merveilles de concerts, des sorties d’album, des folles nuits au New, l’ouverture du meilleur lieu à son de Paris, … Faites des révolutions, mais pas trop de gosses, ou en tous cas tenez moi au jus, que je ne débarque pas trop, quand je débarquerai.


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Abalone est au quai d’honneur, j’ai embarqué hier, nous serons l’un des premiers bateau de la flottille med'Hermione à appareiller. Va falloir m’arrêter quand je commence à parler comme ça d’ailleurs. Ceci ne sera pas un livre de bord.

embarquer : monter à bord d’un bateau

Mis à part ce foutu moustique, les nuits sont calmes au fond de la marina de Toulon. J’ai pris possession de la cabine arrière qui sera mienne jusqu’à Tanger, où une autre équipière qui nous rejoint s’y installera aussi. Deuxième nuit à bord donc. Bientôt je ne les compterai plus. Bientôt, elles seront moins calmes aussi. Dès mardi, on naviguera jour et nuit, ce qui veut dire qu'on se relaiera pour barrer la nuit et surveiller les alentours, histoire d'arriver à bons ports.
appareiller : pour un navire, quitter le port, prendre la mer

Après des mois de préparation et tergiversations, on part lundi à 17h. En attendant, on s‘active.

Quand je dis on, c’est l’équipage du départ. Si le gros du voyage se fera à six, les deux premières semaines, jusque Tanger, nous ne sommes que trois.
Gilles, retraité de la Marine Nationale, co-propriétaire de ce beau bateau, est à l’origine de ce projet de voyage.  Un an qu’il bosse pour faire participer Abalone à cette flottille partant de Toulon pour rejoindre l’Hermione sur les côtes américaines. On ne l’appelle pas capitaine, mais c’est tout comme. 
Pierre est né en 1990, fait 1m93 et aime la viande crue. Il part lui pour un tour complet de l’Atlantique, pendant un an.

Moi, petite mais joueuse quand même, la Transat’ reste mon principal plan marin, le but étant de rejoindre ensuite le Sud des Amériques pour retourner collectionner les plus beaux accent. Je naviguerai donc normalement jusqu'aux Antilles. Ensuite, si j'ai toujours cette soif d'horizon salé, je tenterai de trouver un embarquement pour le Venezuela ou la Colombie. Puis je rechausserai mon sac à dos.
On ne se connait pas mais on va vivre à tous les trois, puis les six dans un espace des plus restreint. Aventure je vous disais.

Les cales sont pleines de boîtes de conserves de toutes natures pour la survie en traversée. Le plus long temps en mer devrait être de 15 jours, entre le Cap Vert et les Antilles. Pas de frigo à bord mais une simple glacière. Après 3 ou 4 jours, plus possibilité d’avoir du frais, à moins que nos talents de pêcheurs nous offrent quelques régals.

Ici c'est le sud, j'ai jamais bu autant de rosé de ma vie. Le soleil tape, sauf demain pour notre départ je crois. On part à 17h. Je vous raconte des suites bientôt.




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